Rayonnement de l’Art nouveau à la Chaux-de-Fonds et région

LA CHAUX-DE-FONDS, CAPITALE SUISSE DE L'ART NOUVEAU

Fondé il y a plus de 150 ans, c’est en 1926 que le Musée des beaux-arts de la Chaux-de-Fonds est inauguré dans l’écrin conçu par Charles L’Eplattenier et René Chapallaz. Derrière sa remarquable façade polychrome Art déco, nous découvrirons l’exposition dédiée à l’Art nouveau chaux-de-fonnier, le fameux Style sapin.

Riches de dessins, céramiques, textiles, boîtes de montres et meubles d’une grande finesse décorative, les œuvres exposées témoignent de l’adaptation de l’Art nouveau européen aux particularités de la faune et de la flore du Jura dans les arts industriels, décoratifs et l’architecture. Parmi les élèves de L’Eplattenier (1874-1946) présentés, nous aurons le plaisir de retrouver C.C. Olsommer ainsi que plusieurs femmes artistes telles que Marie-Louise Goering, Henriette Grandjean ou Sophie l’Eplattenier.

Au fil de notre déambulation, nous apprendrons à repérer les infinies nuances de l’Art nouveau local au détour d’une façade, dans une cage d’escalier ou le long d’un jardin. Vitraux d’apparat, carrelages, stucs, menuiseries et ferronneries envahirent les nouvelles constructions de la métropole horlogère au tournant du XXe siècle. Tantôt peintes, forgées ou sculptées, les formes sont diverses mais elles prennent la nature jurassienne, parsemée de gentianes et de sapins, ainsi que le rythme poétique de la ligne courbe comme référence. Seul style Art nouveau helvétique, le Style sapin s’applique au vocabulaire décoratif que mirent au point les élèves de l’Ecole d’art sous l’influence du professeur Charles l’Eplattenier. Ponctuant notre parcours, la Villa Fallet, le Crématoire ou le Salon bleu de l’ancien atelier Spillmann sont quelques-uns des chefs-d’œuvre que cette période, intense en innovations artistiques, offrira à nos yeux un siècle plus tard.

LE CORBUSIER – L’HEURE BLEUE – L’ART NOUVEAU NEUCHÂTELOIS

Né à la Chaux-de-Fonds, Charles-Edouard Jeanneret-Gris, dit Le Corbusier, fut architecte, urbaniste, peintre et homme de lettres. Elève de l’Eplattenier à l’Ecole d’art, il s’initia d’abord au dessin d’ornement, à la gravure et à la ciselure avant de s’orienter vers l’architecture. Notre promenade dévoilera ses premières constructions, les villas Fallet, Stotzer, Jaquemet et turque ainsi que la Maison blanche, réalisée pour ses parents en 1912. Ces bâtisses nous permettront d’appréhender en profondeur le terreau de ses années de formation jusqu’aux prémisses de ce qui fondera les éléments de son architecture puriste: toit-terrasse, plan libre, fenêtre en bandeau.

En début d’après-midi, rendez-vous au théâtre L’Heure bleue, une pièce maîtresse de l’art architectural chaux-de-fonnier du 19e s. Classé au registre des monuments historiques d’importance nationale, c’est avec celui de Bellinzone le seul théâtre « à l’italienne » de Suisse à avoir conservé son aspect d’origine. Etroitement lié à l’essor de l’industrie horlogère, l’édifice a vu le jour grâce à ses membres fondateurs qui, fascinés par les théâtres à l’italienne qu’ils avaient visités à travers l’Europe, voulurent s’offrir le leur à 1000 mètres d’altitude. Progressiste et républicaine, l’élite industrielle de la ville en fit très vite un lieu de rencontres et de culture.

L’Art nouveau au Musée d’art et d’histoire de Neuchâtel

Dès notre arrivée à Neuchâtel, nous plongerons dans le décor fascinant de la cage d’escalier du Musée d’art et d’histoire conçu par Léo-Paul Robert (1851-1923) et son collaborateur anglais, le maître-verrier Clément Heaton (1861-1940). Œuvre d’art totale, au pouvoir évocateur et immersif, l’espace symboliste et mystique réalisé entre 1886 et 1921 est décoré de peintures monumentales ainsi que d’une ornementation éclectique faite de cloisonnés, de papier repoussé, de plâtre coloré, bronze, faïence, cuivre et d’un vitrail somptueux. Ce décor s’inscrit dans le contexte plus général des courants artistiques Arts&Crafts et Art nouveau. L’emploi caractéristique de formes sinueuses et de figures féminines, la richesse et la stylisation des motifs renvoient explicitement à ce mouvement.

ENTRE PASSE ET PRESENT

Nous débuterons cette journée dominicale sous une voûte constellée, celle qui abrite le Temple maçonnique de la loge de l’Amitié, symbole d’une société initiatique parmi les plus anciennes d’Europe. Le bâtiment singulier (1844-1845) est classé monument historique. Nous découvrirons la Loge somptueuse, décorée d’un étonnant ensemble en trompe-l’œil, alliant draperies, sculptures et symboles maçonniques.

Nous poursuivrons par un incontournable de la ville, le Musée international d’horlogerie, dont la collection la plus importante au monde est consacrée à l’histoire de la mesure du temps. Elle comprend non seulement des montres et des horloges du XVIe siècle à aujourd’hui, de fabrication suisse et internationale, mais aussi des outils, des machines, des instruments, des automates, des modèles ou des reconstructions d’objets disparus, ainsi que des peintures, gravures et collections iconographiques appartenant aux divers domaines de la mesure du temps.

Point d’orgue de notre voyage infusé d’Art nouveau, nous terminerons par la visite de l’atelier d’une artiste verrier à la Chaux-de-Fonds. Elle nous recevra dans son atelier pour une visite privée agrémentée d’une démonstration de son travail sur verre. Née à Nancy, la ville des maîtres verriers Daum et Gallé, elle a effectué ses études à l’Ecole du Vitrail en Suisse et au Cerfav en France. Ses techniques de prédilection sont le vitrail au plomb, le Tiffany et le fusing. Son nom ? Surprise, il vous sera dévoilé lors de notre visite !

Crédits photos: Jacques Zuber - Katia Boz Balmer